papa marin départ mer aider enfants absence

Au secours, Papa part en mer ! Comment aider les enfants à supporter l’absence ?

Quand tu rencontres un marin, pendant les premières années, ses absences sont l’occasion de prendre du temps pour toi. De voir tes copines. De binge watcher les séries qu’il déteste (merci Netflix). Bien sûr parfois tu t’ennuies : tes copines ne sont pas toujours dispos pour faire des soirées filles ; toi, ça te gonfle de te retrouver au milieu de tous les couples.

Quand des enfants arrivent, la dynamique change.

Personnellement, j’étais convaincue qu’avoir des enfants allait faire passer les missions plus vite. Avec une marmaille à gérer, je n’aurais plus le temps de m’ennuyer ! Sur ce point là, j’avais raison. Même si j’avais passablement sous estimé l’épuisement qui irait avec.

Mais, ce que je n’avais pas vraiment anticipé, c’est mon impuissance face au manque qu’ils ressentiraient. Mon incapacité à combler leurs besoins affectifs. Tu as beau te mettre en quatre, tu ne remplaceras pas le parent absent !

Comment consoler ton fils qui pleure depuis 20min parce qu’il veut un câlin de papa, alors que tu ne sais même pas où vogue ton mari en ce moment ? Comment expliquer à ta fille pourquoi papa choisit de partir pendant plusieurs mois pour aider d’autres personnes, alors qu’elle aussi a besoin de lui ? A fortiori quand toi-même tu ne comprends pas toujours cette vocation…

Au fil des départs, mon mari et moi avons mis en place plusieurs astuces pour simplifier ces périodes toujours délicates. Les autres parents que j’ai eu l’occasion d’interroger dans le cadre du blog m’ont également fait part des leurs. Je te fais un (pas si) bref résumé de tout ça !

Cet article contient de nombreux liens, vers des produits ou services que j’utilise. Aucun lien n’est sponsorisé : je ne gagne rien en t’y adressant. Il s’agit simplement d’outils que je trouve pertinents.

La notion du temps

« Maman, tu te souviens quand on a visité le phare hier ? » Je me souviens oui, mais c’était il y a 8 mois ! Globalement, pour mon fils de 3 ans, tout ce qui a eu lieu avant aujourd’hui s’est passé hier. Et c’est logique. Les enfants ont une approche de la temporalité très diffuse.

A 2 ou 3 ans, un enfant sait seulement faire la différence entre hier et demain. Un enfant de cet âge a en général du mal à différencier passé proche et passé lointain.

Vers 4 ans, l’enfant sait à quelles notions renvoient les mots matin, midi et soir. Il est capable de se repérer dans le temps en comptant le nombre de “dodos”.

Vers 5 ans, l’enfant est capable de nommer et comprendre les saisons.

Vers 6 ans, il est capable de nommer et connaître l’enchaînement des jours de la semaine.

Vers 7 ans, il commence à apprendre l’heure, à comprendre des expressions comme après-demain, la veille ou il y a 3 jours.

www.apprendreaeduquer.fr

Alors forcément, quand papa part en mer, appréhender la durée de l’absence ou se projeter sur la date des retrouvailles est un réel défi ! Heureusement, il existe de nombreux outils pour nous aider à les accompagner dans cette mission. A la maison, au gré des Noël et anniversaires, nous nous sommes équipés d’une horloge 24h, une horloge semaine, un calendrier aimanté personnalisé et une frise du temps.

Repérage dans la journée

La première difficulté pour les enfants est de comprendre l’organisation de la journée. Matin, midi, après-midi, soir et nuit : à chaque moment ses rituels (souviens toi, ces rituels qui peuvent te simplifier la vie).

Dans cet objectif, l’horloge 24H est un bon support. Il s’agit d’une horloge avec une seule aiguille et un cadran divisé en 24 tranches, au lieu des 12 habituelles. Équipée d’un moteur spécifique, qui entraîne l’aiguille sur un tour de cadran en une journée, cette horloge permet aux enfants de visualiser l’enchaînement complet de la journée.

Nous utilisons un modèle de MyLittleConcept. Derrière cette marque se cache Régine, une maman passionnée qui s’est associée avec des éditeurs et illustrateurs pour créer des horloges sous licence. Elles sont livrées avec des gommettes pour illustrer les différents moments de la journée. Il ne te reste plus qu’à les coller avec tes enfants pour qu’ils visualisent en un clin d’oeil le déroulement de leur journée.

papa marin absent horloge 24h
Impliquer l’enfant dans la préparation de l’horloge lui permet de s’approprier l’outil.

Et, si ces modèles « clés en main » ne te plaisent pas ou n’entrent pas dans ton budget, tu peux en fabriquer une en achetant simplement un moteur et une aiguille. D’ailleurs, sur son blog, Régine propose des supports à imprimer ou des gabarits à illustrer avec les enfants.

Comprendre la semaine

Dans le même esprit que l’horloge 24H, nous avons une horloge semaine. (Tu ne seras pas surprise si je te dis que, là aussi, nous avons opté pour un modèle de MyLittleConcept).

Cette horloge avance trèèèèès lentement puisque l’aiguille met une semaine à faire le tour du cadran. Un bon moyen de visualiser les jours d’école, d’activités, mais aussi de compter les dodos lors des courtes absences.

En complément, notre fils a un calendrier aimanté de Ouikili. Le gros avantage de ce calendrier c’est la possibilité de personnaliser les aimants. Un bateau, un sous-marin, une photo de papa : tout est permis.

Pour l’instant, mon fils est un peu trop jeune pour l’utiliser de façon optimale mais, dans la semaine qui précède un départ en mer, on met l’aimant de papa à côté de celui du bateau. Et, quand son père lui manque trop, hop, on colle l’aimant avec la photo de loulou à côté de celui de papa dans le bateau. C’est presque comme s’il y était !

Compter en mois

Si le repérage dans la journée, puis la semaine, est indispensable pour poser les bases du temps, malheureusement, pour les longues missions cela ne suffit pas. Nous autres parlons en semaines, voire en mois ! Imagine ce que cela représente à l’échelle de vie de ton enfant.

Dans cette optique, j’utilise une frise du temps Montessori. Comme Maman Fouine, qui la présente ici, j’ai choisi celle de Gründ. Très abordable (je l’ai payée exactement 7,50€), ce support visuel nécessite un grand mur car il s’agit de représenter une année complète.

A l’installation, nous avons positionné les grands jalons de l’année : anniversaires, vacances, Noël. Depuis, au quotidien les loulous collent la gommette du jour.

Et, quand un départ en mer approche, papa dessine un bateau à la date de départ, et une maison à la date prévisionnelle de retour. Un petit conseil sur ce point : positionner la maison quelques jours après la date prévue, et la dessiner suffisamment large pour couvrir plusieurs journées. Cela te permettra de faire quelques ajustements si besoin !

papa marin absent frise du temps
Une frise du temps permet aux enfants de visualiser la durée de l’absence, mais aussi de s’appuyer sur des échéances intermédiaires pour jalonner la mission.

Pour jalonner la mission, j’y indique également des échéances intermédiaires : vacances chez les grands parents, journée avec des copains. Autant d’objectifs à plus court terme qui donneront aux enfants des étapes qui feront passer le temps (un peu) plus vite.

[EDIT] Pour 2021, nous utilisons le calendrier perpétuel de la MiliHouse, qui poursuit le même objectif et qui a l’avantage d’être plus solide et réutilisable.

Papa est absent, mais à ses côtés

Avoir une bonne appréhension du temps est un moyen de rassurer les enfants. Cela ne suffit cependant pas à atténuer le manque, bien réel pendant l’absence. Quoi qu’il en soit, si tes bras ne remplaceront jamais les siens, j’ai quelques idées sous le coude à te proposer pour leur apporter un peu de papa au quotidien.

Le voir

Pour accompagner son fils pendant les missions, Laura met à sa disposition un album photos. Ainsi, son fils peut se remémorer les moments passés avec son papa.

Avant de partir en mer, Loïc quant à lui enregistre quelques vidéos que sa femme peut montrer aux enfants pendant la mission. Il tourne notamment une vidéo de bonne nuit, qu’ils peuvent regarder pendant le rituel du coucher. Et des vidéos en prévision de leurs anniversaires s’ils tombent pendant la mission. 

Chez nous, on utilise un peu de tout ça. Les enfants ont des albums photos molletonnés, qu’ils peuvent manipuler sans crainte. Mon aîné garde également des photos sous son oreiller. Et mon mari prépare des vidéos que je peux dégainer en cas de coup de blues. D’ailleurs, la première fois que ma fille a dit « papa », c’est en entendant sa voix dans une vidéo, alors qu’il était parti depuis plusieurs semaines.

L’entendre

En complément des photos et vidéos, mes enfants adorent que ce soit papa qui lise l’histoire du soir, même quand il n’est pas là. Pour cela on utilise l’application Mon Studio Lunii, qui permet de s’enregistrer en lisant un livre ou, pour les plus créatifs, en inventant une histoire, avant de la transférer sur la Fabrique à Histoire du même nom.

Dans d’autres familles, c’est My Bookinou qui est plébiscité. Je ne l’ai jamais testé mais je vois beaucoup de parents le conseiller. Il s’agit d’une conteuse sur laquelle on s’enregistre pour que l’enfant puisse feuilleter son livre au rythme de la lecture.

De son côté, Loïc nous a expliqué enregistrer des histoires avec StoryEnjoy, un autre dispositif qui permet, en plus, de se filmer en lisant.

Recevoir des nouvelles

En mission, Paul a la chance de pouvoir communiquer régulièrement. Par téléphone ou par mails, il s’emploie à donner des nouvelles presque tous les jours. Cela contribue à l’équilibre de ses enfants (et de sa femme !).

Loïc quant a lui préfère envoyer des cartes postales lors des escales grâce à une application. Il se prend en photo, la charge dans l’appli, ajoute un petit mot et c’est parti ! Quelques jours plus tard, ses enfants ont le plaisir de trouver des nouvelles de papa dans la boite aux lettres.

carte postale papa marin
Quel plaisir pour les enfants de recevoir une carte personnalisée par papa ! Fizzer propose de nombreuses trames pour agrémenter la surprise.

A la maison, pour cela on utilise Fizzer. Mon mari et moi avons tous les deux installé l’appli et nous l’utilisons avec le même compte. De cette façon, même s’il n’a pas de réseau (quoi ? les marins n’ont pas tous du réseau ?), je peux préparer une carte et la faire envoyer à sa place. Les enfants ne voient pas la différence. L’idéal, c’est que ton marin prépare quelques cartes dans l’application avant son départ. Comme ça, tu peux dégainer quand tu sens que les enfants sont dans le creux de la vague.

La force de la projection

Les enfants ont cette capacité impressionnante à rêver. Et à tirer presque autant de bénéfice dans le rêve que dans sa concrétisation. Autrement dit, imaginer une situation peut déjà leur donner l’impression de la vivre, ne serait-ce qu’un peu. Alors, quand ton enfant est triste car il voudrait voir son père, rentre dans le jeu ! Imagine avec lui ce que ce serait de voir papa. Propose lui de penser à ce qu’il lui dirait, à ce qu’ils feraient ensemble.

« – Oh oui, ce serait super de voir papa là. Tu lui dirais quoi ?

Moi si j’étais avec lui, j’aimerais bien voir son lit sur le bateau. Tu viendrais avec moi ?

Il est comment son lit tu crois ? »

Manifester de la compréhension

Dans la même dynamique, il est souvent bénéfique d’aller dans le sens de l’enfant. Même si, spontanément, ça te semble contradictoire. Ton enfant est triste de l’absence de son père ? Ton premier réflexe sera sans doute d’essayer de le consoler.

Pourtant, tu sais bien que les petites phrases toutes faites n’ont aucun effet sur toi. Pourquoi en auraient-elles sur tes enfants ? Ce dont tu as besoin, c’est en premier lieu d’être comprise. Pour eux c’est la même chose. Alors, au lieu de lui dire que ça va aller, que papa va bientôt rentrer, autorise-toi à partager sa peine.

« – Tu es triste que papa ne soit pas là ? Tu sais, à moi aussi il me manque… J’aimerais bien qu’il soit là.

Parfois j’ai envie de pleurer. Et c’est ok de pleurer ! Moi ça me fait du bien.

Mais je suis rassurée, je sais que quand on va le retrouver, on sera super contents. Et lui aussi. »

L’air de rien, tu peux renverser la situation. Tu as cet avantage sur tes enfants de savoir que c’est surmontable. Et quand ils verront que, bien que partageant leur peine, tu n’es pas inquiète, ils seront eux-mêmes rassurés.

Découper la mission

Un dernier subterfuge auquel nous avons recours avec nos enfants, c’est la formulation d’objectifs intermédiaires. Par exemple, si mon mari a la chance de pouvoir appeler, il donne pour mission à mon fils de trouver, avant son prochain appel, une recette de gâteau à faire ensemble à son retour. Ou alors de faire un dessin qu’il lui montrera lors d’une vidéo.

Si toutefois mon mari ne peut pas appeler, rien ne m’empêche de fixer moi-même des objectifs aux loulous. L’idée générale, c’est de découper l’attente en plusieurs petites missions aux échéances plus courtes.

Une bibliothèque adaptée

En complément de toutes ces astuces, il est utile de s’appuyer sur quelques livres pour enfants. Il en existe assez peu de véritablement dédiés à notre situation mais pour notre part nous avons :

Et, depuis avril 2021, Papa est marin, proposé par Camille El Mohri, fondatrice de La Mili House et des éditions Pandoure.

Et toi, quels sont les livres qui aident tes enfants pendant les missions ? Plus généralement, quels sont tes tuyaux pour les aider à traverser ces périodes ?

Crédit photos de sous-marins en fond : Magazine What’s Up ISSN 1276-2768 de Juin 2020

1 réflexion sur “Au secours, Papa part en mer ! Comment aider les enfants à supporter l’absence ?”

  1. Ah si seulement j’avais trouvé votre blog avant. Mari marin, on a toujours vécu ainsi sauf qu’avant je partais aussi
    Demain chéri repart après un an (!) passé à la maison. Forcément doudou a du mal à se séparer de papa. Il n’a plus l’habitude et n’avais clairement pas envie de la reprendre.
    Merci pour les idées. Ce soir, je me sens un peu moins seule qu’avant…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *