Femme de marin qui pleure dans son lit

Mon marin est parti : comment supporter l’absence de nouvelles ?

Quand j’ai rencontré mon marin, j’ai mis le pied dans un monde que jusqu’alors je ne côtoyais que de loin (j’ai grandi dans un port donc on va dire que je n’étais pas complètement néophyte).

Pendant les premières semaines, j’envoyais un petit message en journée, il restait sans réponse. J’essayais de l’appeler, je tombais directement sur sa messagerie. J’ai rapidement appris que, même à quai, à bord d’un gros bateau gris, ça ne capte pas beaucoup.

Est venu le premier départ en mer. J’avais déjà fait une croix sur les appels, j’attendais un mail. Qui ne venait pas. « Non mais il se fout de ma g… ?! » « Il n’en a rien à f… de moi… » « Il ne va pas me faire croire qu’au XXIème siècle il ne peut pas envoyer un mail ?! ». En fait, si.

Alors j’ai commencé à consulter compulsivement Google : « pas de nouvelle de mon marin » ; « les marins peuvent-ils envoyer des mails ? » ; « copain marin comment supporter l’attente ? » etc.

Je suis sûre que tu as déjà essayé donc tu as pu constater toi-même que, après avoir survolé un ou deux témoignages sur Marie-Claire, je suis tombée (un peu trop brutalement d’ailleurs, je n’étais pas prête) sur la Bible de la toile : Doctissimo bien sûr ! Plus précisément, des vieux posts de forums où j’ai pu lire que « Oui, ils peuvent envoyer des mails donc si tu n’as rien c’est qu’il n’a pas voulu t’en envoyer », ou encore « ils sont tous pareils, ils ont une femme dans chaque port, il faut l’admettre », et bien sûr le témoignage déchirant « J’ai donné ma confiance à un marin, il m’a trompée ». Tu sais ce qu’on dit hein, « Femme de marin, femme de chagrin » (si ta grand-mère ne te l’a pas encore sortie, estime-toi heureuse… ou attends un peu).

Tentative désespérée de joindre le marin en mission, pas dé téléphone, pas de nouvelles
Difficile d’admettre qu’au XXIème siècle il soit toujours aussi difficile d’avoir des nouvelles de son marin absent…

Mais si je tiens ce blog aujourd’hui, c’est que j’ai réussi à surmonter cette période. Comment ? Je te dis tout !

Utiliser internet à bon escient

La première chose à faire, tu l’as compris, c’est d’arrêter de chercher des réponses à l’aveuglette sur internet. Crois-moi, ces recherches que j’ai pu faire ont simplement renforcé mes angoisses et fait paraître l’attente encore plus longue et incertaine.

En revanche, sur Facebook (ou peut-être Instagram, il se dit dans le milieu du web marketing que ma génération n’a pas franchi le pas… je confirme) tu peux trouver des groupes de femmes qui sont dans la même situation. Des femmes qui ont connu ces difficultés et pourront te rassurer, te confirmer que, selon les bateaux, les missions, les opérations en cours, ton marin n’aura pas toujours la possibilité de communiquer.

Tu peux aussi profiter de cette période pour te renseigner sur la Marine, sur les particularités de son bateau. D’une part, ça te donnera l’impression d’être plus proche de lui mais, en plus, à son retour, il sera épaté, et sans doute flatté, de l’intérêt que tu portes à sa deuxième femme. (Oui, il va falloir l’admettre, la Marine prend au moins autant de place que nous dans leur vie.) Pour cela pas besoin de chercher loin : Wikipédia regorge d’infos. Et la Marine elle-même propose des contenus, sur les réseaux sociaux par exemple. Plus tu en connaîtras sur son quotidien professionnel, mieux tu comprendras ses contraintes, et plus tu seras à même de les accepter.

Te rappeler pourquoi tu l’as choisi

Pour éviter de te torturer pendant ces attentes interminables, essaye de te recentrer sur votre histoire. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Qu’est-ce qui t’a plu chez lui ? Comment a-t-il manifesté son attachement jusqu’à présent ?

Quand on commence à s’imaginer les raisons pour lesquelles on n’a pas de nouvelles, on tire un fil et on finit par se prendre toute la pelote dans la tronche. Je sais de quoi je parle, j’élabore un scenario catastrophe à partir du moindre grain de sable.

Par exemple, lors de la première longue mission de mon marin depuis notre rencontre, je n’ai pas eu de nouvelles pendant 3 semaines. Trois. Semaines. A me torturer, à m’imaginer qu’il avait décidé de prendre du bon temps en escale. A me persuader qu’il ne voyait pas l’intérêt de me contacter, qu’il verrait en rentrant si je l’intéressais toujours. « Loin des yeux loin du cœur », c’est bien ce qu’on dit ? J’ai passé trois semaines à me rendre malade, à pleurer, à déprimer, à me convaincre que s’il voulait vraiment me donner des nouvelles, il aurait trouvé un moyen de le faire. L’explication, je l’ai eue a posteriori : ils avaient été dépêchés en urgence sur une opération qui imposait la coupure de toute liaison. Cohérent. Bien plus que les drames qui se sont joués dans mon cerveau.

… et rationaliser !

Pourtant, si à ce moment là je m’étais posée quelques minutes pour repenser ne serait-ce qu’à notre rencontre, j’aurais pu m’éviter bien des insomnies !

J’ai rencontré mon mari(n) par l’intermédiaire d’amis qui avaient « décelé un potentiel de compatibilité entre nous », dirais-je. Nous nous sommes vus plusieurs fois chez ces amis. Je savais que je ne le laissais pas indifférent, pourtant il ne me proposait pas de nous voir en tête à tête. J’ai dû prendre l’initiative d’un premier rendez-vous. Quelques jours plus tard, il en a proposé un deuxième. Nous nous sommes retrouvés au cinéma et avons regardé un film, complètement seuls dans la salle, sans le moindre rapprochement. Au restaurant, là encore, nous étions seuls. Aucun contact. A la fin de cette soirée, il m’a déposée chez moi et s’est éloigné avec un signe de la main. Il s’est passé presque deux mois entre notre première rencontre, pourtant déjà orientée, et la concrétisation de notre histoire. Franchement, quand on y pense, est-ce que ce genre de mec va prendre du bon temps en escale ?

Si tu commences à te faire des films, je t’invite vraiment à te poser quelques minutes. Écris tout ce qui te plait chez lui, les raisons pour lesquelles tu lui as accordé ta confiance jusqu’à présent, les preuves d’affection qu’il t’a déjà apportées. Quand tu sens que tu te laisses déborder, prends un verre d’eau, inspire profondément et relis tout ce que tu as écrit.

En amont : préparer l’absence de nouvelles

Si tu es dans le creux de la vague en ce moment, j’espère que les premiers conseils ci-dessus te permettront de sortir la tête de l’eau jusqu’au retour de ton marin. Pour préparer au mieux les prochaines absences, voici quelques astuces auxquelles nous avons eu recours au fur et à mesure des départs.

Il est primordial que tu expliques à ton marin comment tu vis ces absences de nouvelles. De cette façon, vous pourrez réfléchir, ensemble, au moyen d’améliorer les choses.

Dans notre cas, nous avons pris l’habitude d’échanger avant le départ sur les possibilités de liaisons pendant son absence. Au bout de combien de temps perdra-t-il le réseau portable ? Est-ce que c’est une mission qui permettra l’échange de mails ? Des escales ou des moments à proximité des côtes permettront-ils un coup de fil ? Les liaisons risquent-elles d’être coupées sans préavis ? Bien sûr, selon le type de bateau de ton marin, les possibilités seront plus ou moins limitées. Le savoir avant le départ permet de se préparer.

Dans le cas où vous savez déjà que les liaisons vont être difficiles voire inexistantes, tu peux lui suggérer de te laisser des petits mots partout dans la maison. Quelques-uns cachés pour que la surprise dure le temps de l’absence. (Pas trop quand même, chez nous certains étaient tellement bien cachés que nous les avons trouvés lors de notre déménagement !) Il peut également t’écrire plusieurs lettres, sous enveloppe, avec la date à laquelle tu pourras l’ouvrir. S’il a un complice, il peut même lui demander de les poster ou de les déposer dans ta boîte aux lettres à échéances régulières. Qu’il se rassure, pas besoin d’être Victor Hugo ! Je suis sûre qu’une photo de vous deux avec un petit mot au dos te fera autant plaisir qu’une longue missive enflammée, non ?

Et toi ?

Quels sont tes tuyaux pour supporter l’absence de nouvelles ? N’hésite pas à les partager en commentaire, ils seront forcément utile à une femme de marin en quête de solutions.

Dans un prochain article, je m’intéresserai aux moyens de supporter l’absence, d’une façon générale. Abonne-toi pour ne pas manquer ça !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *