femme de marin soutien

Une femme de marin en mission de soutien

Depuis que j’ai lancé le blog, je me suis découvert une passion pour la question de la vie professionnelle des femmes de marins, et plus largement de militaires. Je suis convaincue que l’accomplissement professionnel est un formidable vecteur d’estime personnelle et d’épanouissement.

Ce n’est cependant pas le seul et nombreuses sont les fabuleuses au foyer qui se réalisent au travers de leurs actions bénévoles.

Aujourd’hui, je te propose de rencontrer l’une d’entre elles, Noémie. A 37 ans, cette dynamique et dévouée maman de 4 enfants de 12, 10, 4 et 3 ans est également fondatrice et présidente de l’Association de Soutien et d’Accompagnement des Familles de Marin, dont je t’ai parlé dans cet article.

Issue d’une famille de militaires, elle est de nature indépendante et adore les défis. La vie de femme de marin ne l’a donc jamais effrayée !

Je suis personnellement très touchée par son investissement dans la vie associative au profit des familles de marins et, plus largement de militaires, notamment dans le cadre du Plan Famille. Que ce soit sur le front familial ou professionnel, qu’il s’agisse de logistique ou de soutien, elle ne compte pas ses heures bénévoles pour aider conjoints et enfants. Elle nous raconte.

Quelles étaient vos situations professionnelles respectives quand vous vous êtes rencontrés ? 

En ce qui me concerne, après une formation dans la comptabilité cela faisait 10 ans que je travaillais dans l’hôtellerie et la restauration. Lui était déjà engagé depuis 14 ans quand nous nous sommes connus, et passionné par son métier.

J’ai refusé un CDI pour le rejoindre. Cela nous a permis de fonder notre famille… et notre avenir !

L’engagement associatif auprès des familles

Comment as-tu eu l’idée de créer l’ASAFM ? 

Arrivant dans une ville et une région inconnues, je me suis retrouvée seule à devoir gérer le quotidien et les problèmes liés aux absences de mon marin. J’ai dû me débrouiller pour les problèmes de plomberie (ce fameux cumulus qui lâche quand monsieur s’en va !), de mécanique (un moteur grillé et un accident de la route qui a transformé notre deuxième voiture en épave…).

Noémie est très engagée auprès des familles, en concertation directe avec la Marine, comme ici avec le commandant de la Base de Défense de Toulon.

Une amie a eu vent d’une table ronde organisée à l’occasion de la venue de la directrice de projet Plan Famille. Nous avons alors pu constater que le besoin était réel de se retrouver entre familles de marins pour se soutenir dans nos difficultés et partager les informations utiles.

Peux-tu nous parler de cette association ? Quelles sont vos missions ?

L’ASAFM est avant tout un réseau de familles de marins qui souhaitent se soutenir moralement, et parfois matériellement, grâce à un sentiment d’appartenance à une famille soudée.  Tous dans le même bateau en fait !

Nous avons ainsi par exemple épaulé les familles pendant la crise sanitaire et ses répercussions à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, en lien étroit avec les autorités militaires. Nous avons également apporté un soutien matériel en organisant des livraisons de drive pendant le confinement en faveur des conjoint.e.s dont le marin était déployé, là encore avec l’aval des autorités de la Base de Défense de Toulon, qui ont fourni aux membres du conseil des attestations de déplacement exceptionnelles. 

Tu aimerais que tes proches, même géographiquement éloignés, trouvent des solutions pour te donner un coup de pouce quand ton marin est en mer ? Transmets leur l’article sur les 6 façons d’aider une femme dont le marin est en mission.

Et vos projets ?

Nous travaillons actuellement à l’organisation d’ateliers pour les enfants, mais aussi pour les parents, sur divers thèmes : jeux, confection de colis, participation à des actions humanitaires…

Nous participons par ailleurs à des concertations nationales sur les thèmes de l’emploi, de l’accompagnement social et de l’amélioration des conditions de vie de nos familles.

Super organisée… ou super zen ?

Ton marin a-t-il été présent pendant tes grossesses ?

Par chance, il a été là pour chaque naissance ! Notre petite dernière est même née à la maison, dans ses bras. En revanche j’ai géré les grossesses seule, mais j’ai su m’entourer de personnes extraordinaires parmi mon voisinage et les femmes de marins ! De très belles amitiés en sont nées d’ailleurs.

Et je lui envoyais les échographies. Même s’il y avait souvent quelques jours entre l’écho et la réception de la photo : nous savons combien les mails – et encore plus les appels – peuvent être hasardeux en mer !

Aujourd’hui, par le biais de l’association notamment, je m’emploie à apporter mon soutien aux femmes qui passent par là, y compris pour leur accouchement !

Noémie accompagne les femmes de marin pour la naissance de leur enfant si elles en ressentent le besoin.

Seule avec 4 enfants, mes respects ! Comment gères-tu les absences ? 

Je suis devenue championne en organisation familiale ! Je fais de super plannings des repas et tâches ménagères… auxquels je ne me tiens jamais !

En fait, je suis surtout devenue « cestpasgravologue » : « Ce n’est pas fait ? Pas grave, j’ai le droit (et le devoir ! ) de souffler sans culpabiliser« .

Quand le marin n’est pas là, la vie continue !

En tant que maman, as-tu une astuce à partager pour faciliter les absences du papa de tes filles ?

Oui et non. A mon sens, la gestion de l’absence est réellement propre à chaque cellule familiale et aux valeurs portées par chacun…

Chez nous par exemple, il n’y a pas de calendrier de mission, pas de bocal à bonbons pour compter les dodos, pas de photos de papa accrochées partout. Tout au plus une mappemonde qui sert aux aînées à réviser leur géographie et aux plus jeunes à visualiser où se situe papa quand il appelle de temps en temps. 

Nous ne focalisons pas sur son absence : la vie ne s’arrête pas, elle est juste un peu différente. On ne s’arrête pas spécialement non plus sur les dates d’anniversaire, Noël etc…. Il est là : c’est super ! Il est absent ? Ce n’est pas grave, ce sera rattrapé avec lui plus tard.  

Le petit plus : nous avons des activités « avec papa » (karting, escalade, vélo…) et des activités « sans papa » (shopping, activités manuelles et artistiques, déco de la maison…). Chaque période leur plaît !

Et en tant que femme, qu’est-ce que tu aimes faire quand ton marin est en mer, que tu ne fais pas quand il est là ?

Regarder des séries sur Netflix et Disney+ ! Et faire de la broderie. Mais surtout, je m’implique à 200% dans le soutien aux familles, que ce soit par l’ASAFM, le Plan Famille des Armées ou les sollicitations reçues par d’autres autorités.

Le meilleur soutien pour son marin

Et pour ton marin, y a t’il un truc que tu fais pour lui adoucir le temps loin de la maison ?

J’ai tenté les colis mais ça s’est soldé par un échec à chaque fois ! Je suis un chat noir : les colis arrivent avec des semaines de retard, quand il ne les reçoit pas sur le quai le jour du retour.

Donc maintenant je m’arrange avec des complices à bord pour remettre un ou plusieurs colis qu’il reçoit à des dates déterminées à l’avance. Je lui prépare aussi des photos plastifiées, glissées dans son sac, et lui envoie des vidéos et photos en escale.

Y-a-t’il autre chose que tu souhaiterais partager ? Un conseil, une question que je n’ai pas posée ?

Depuis bientôt 3 ans que l’ASAFM existe et que je travaille avec le ministère des Armées,  j’ai constaté l’impact direct et lourd que pouvait avoir l’appel ou le message « brut de décoffrage » d’un.e conjoint.e fatigué.e et inquiet.e sur le moral du militaire.

Vider son sac par téléphone à son marin qui se trouve impuissant pour apporter de l’aide peut-être préjudiciable. D’où l’intérêt de se soutenir entre familles.

Je l’ai expérimenté moi-même, et j’ai appris à prendre du recul, notamment grâce à d’autres femmes de marins. Même s’il est joignable, j’évite de me décharger de certains tracas du quotidien sur mon mari alors qu’il ne peut strictement rien y faire, étant en plein milieu d’un océan… 

Tu souhaiterais avoir l’avis d’un marin sur la question ? Jette un oeil aux témoignages de Paul et Loïc, qui t’en disent plus sur la façon dont ils gèrent leurs propres absences.

C’est également une préoccupation de l’Amiral commandant la Force d’Action Navale (ALFAN) et du Chef d’État-Major de la Marine (CEMM), qui souhaitent encourager le « réseautage » entre familles de marins, pour se confier et s’épauler.

Nos marins ont besoin de rester concentrés sur leur mission. Entre femmes de marins, nous sommes certainement capables de nous soutenir et résoudre la plupart des soucis. Ensemble nous serons plus fortes !

Pour aller plus loin

Aujourd’hui l’ASAFM est basée à Toulon mais a vocation à soutenir les familles de marins de tout le pays. Où que tu sois, tu peux te rapprocher de l’association en t’abonnant à la page Facebook voire en rejoignant le groupe privé. Dans ce cas, n’oublie pas de te munir d’un document attestant de l’appartenance à la Marine de ton conjoint.

Dans le cadre de ses démarches visant à soutenir les familles, Noémie a également créé une bourse d’emploi entre conjoints de ressortissants de la défense. Cette initiative, qui a reçu le soutien du Directeur des Ressources Humaines du Ministère des Armées, a vocation à permettre aux conjoints d’anticiper les changements de région en partageant notamment, en accord avec les employeurs concernés, les informations sur les postes libérés par un conjoint quittant son emploi. L’objectif de cette bourse est multiple :

  • faciliter l’intégration du conjoint dans le milieu socio-professionnel du lieu d’affectation de son militaire, 
  • permettre à l’employeur de garder un effectif stable et écourter la phase de recherche d’employé après le départ d’un conjoint de militaire,  
  • rassurer les employeurs « frileux » à l’embauche d’un conjoint de militaire en leur donnant la possibilité d’anticiper le départ et le futur recrutement du conjoint suivant.  

Enfin, pour ne rien manquer des actions institutionnelles en faveur des conditions de vie des familles de militaire, c’est la page du Plan Famille qu’il faut suivre !

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